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« Je ne travaillerai jamais pour entraver la liberté de la presse »

Hier jeudi 16 juillet 2020, le ministre de la communication et de la poste, Alain Orounla, a accordé une audience au Conseil National du Patronat de la Presse et de l’Audiovisuel du Bénin. Occasion pour les membres de cette faîtière de soumettre à leur ministre de tutelle, leurs préoccupations majeures. Séduit par la démarche de ses hôtes et l’ambiance conviviale qui a prévalu au cours de cette audience, le ministre Alain Orounla les a assurés de tout son engagement à travailler pour une presse libre, responsable et professionnelle. Toutefois, le ministre de la communication déplore qu’aujourd’hui la presse écrite soit devenue « un réceptacle où tout le monde vient jeter l’opprobre sur la corporation ». D’où la nécessité d’un assainissement nuancé de cette noble corporation.
Les préoccupations du CNPA déclinées au ministre Orounla
De façon synthétique, le CNPA a su résumer ses préoccupations en quelques points saillants :
Primo, l’aide de l’Etat à la presse privée, dont le montant est de trois cent cinquante (350) millions de francs CFA l’an, et dont la presse privée n’a plus bénéficié depuis 2016, sauf en 2017 où 175 millions ont été mis à sa disposition. En termes de non perçus, expliquera le CNPA au ministre Orounla, le gouvernement reste devoir, au total, à ce jour, la somme de 1.575.000.000 (Un Milliard Cinq Cent Soixante Quinze Millions) de Francs CFA. Là-dessus, la délégation du CNPA-Bénin a souhaité que le ministre Alain Orounla plaide auprès de son homologue de l’économie et des finances, pour la mise à disposition des subventions non perçues qu’elle compte d’ailleurs réorienter.
Secundo, la suspension des médias en ligne décidée par
la Haute Autorité de l’Audiovisuel et de la Communication (HAAC) ; alors que ces derniers, pour la plupart, ont souscrit déjà au cahier des charges à la HAAC, et n’attendent que leur autorisation. Le CNPA relève que cette attitude de la HAAC est en contradiction avec les efforts du gouvernement pour faire du Bénin la plaque tournante du numérique en Afrique ; surtout que les medias en ligne constituent un des grands piliers du numérique.
Tertio, la carte de presse, dont les professionnels des médias, jusqu’à ce jour, ne jouissent pas des avantages, comme c’est le cas dans d’autres pays. Le CNPA souhaite que ce débat soit actualisé, afin de faire aboutir le processus qui va permettre aux détenteurs de cette carte d’avoir un certain nombre d’avantages y afférents. Aussi souhaite-t-il que soit mis en place un dispositif permanent pour permettre de renouveler, de façon instantanée, les cartes arrivées à expiration.
Quarto, la gestion de la campagne exclusivement médiatique des élections communales et municipales de mai 2020 pour lesquelles, les médias ont été sollicités par le Gouvernement. Tout en remerciant le chef de l’Etat, qui a permis de prendre en compte la presse écrite déjà écartée par la HAAC, le CNPA souhaite qu’à l’avenir, un débat sérieux soit mené avec les faitières, avant la prise de toute décision dans ce sens ; vu qu’au finish, l’intéressement réservé aux organes est largement en-deçà des services rendus.
Quinto, le code du numérique qui, en l’état, est en contradiction avec le code de l’information et de la communication, et ne permet pas aux professionnels des médias d’accomplir librement leur métier. D’où la nécessité d’un toilettage en urgence, aux fins de dissocier le métier du journalisme de celui des web activistes. Car, il est facile aujourd’hui d’envoyer les journalistes en prison par ce code du numérique, alors que le code de l’information et de la communication proscrit les peines privatives de liberté aux professionnels des médias.
Mais l’application du code de l’information et de la communication pose également un certain nombre de problèmes à résoudre, toujours pour l’assainissement de la corporation, quand bien même l’avènement de ce code en 2015 a été salué par la quasi-totalité des professionnels des médias. Le CNPA, très critique sur le sujet, compte sur le leadership du ministre Alain Orounla pour que quelque chose soit fait, à travers la constitution d’une commission paritaire (cadres du ministère et associations faîtières), pour une relecture de ce code.
« Le code du numérique n’est pas destiné aux journalistes » Après avoir écouté attentivement ses hôtes du jour, le ministre de la communication, Alain Orounla, a salué la démarche scientifique du CNPA, qui lui a permis de mieux connaître les difficultés et priorités des acteurs des médias en général, et des promoteurs de presse en particulier. « J’aime la presse et je la mets au-dessus de toutes les agitations démocratiques. Je suis un passionné des libertés dans tous les sens. Je ne travaillerai jamais, en dépit des contrariétés, pour entraver la liberté de la presse. Je ne voudrais pas qu’il y ait de doute sur mes bonnes intentions, et celles du Gouvernement en général, pour les médias. On fera un travail qui marquera les esprits. », a-t-il rassuré avec foi et ferme conviction, avant d’ajouter : « Je continue de croire que ce que les faîtières soupçonnent comme différend, n’est pas une volonté de réduction de la presse au silence. Le code du numérique n’est pas destiné aux journalistes. Le code a été voté pour décourager la cybercriminalité. Seulement, la presse écrite est devenue un réceptacle où tout le monde vient jeter l’opprobre sur la corporation. Nous allons activer très sérieusement ce couloir d’échanges, pour travailler administrativement et politiquement à la résolution des problèmes énumérés par votre faîtière. Le PAG est très ambitieux, et ne peut être concrétisé en 5 ans. »

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